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TICKETS D’ALIMENTATION, TICKETS D’HOSPITALISATION

Ce rapprochement inattendu respecte une distanciation de 80 ans.

  1. Les Tickets d’alimentation de 1940

Nous sommes début septembres 1940. C’est la rentrée en 6eme au collège de Saint-Jean-d’Angély. Avec les 2 copains Pierrot et Bernard, nous découvrons, dans l’ambiance originale de l’occupation Allemande, ce qu’on appelle la grande école, la 5ème après la 6ème d’avant guerre en 1939.

Le professeur chef de classe qui nous accueille nous fait un petit discours aussi sombre que son costume et son visage. Il nous explique que la République, comme la Marseillaise, sont mortes. Cet hymne qu’il nous avait demandée de chanter lors des défilés du cent cinquantenaire, le 14 juillet 1939 est périmé.

Il nous fera chanter « Maréchal nous voilà », dès demain !

Tout cela, selon lui, est le résultat de la trahison des élites militaires qui n’ont pas su défendre leur pays après l’avoir trompé dans les brillants discours qu’ils ont partagés avec les élites politiques qui passeront bientôt au Tribunal.

L’assaillant, baptisé « Panzer SS » circule dans tout le pays dont il occupe l’essentiel du territoire. Il est facile de le voir, dans la cour du collège, avec ses mitrailleuses pointées sur les cibles d’entraînement collées de chaque côté de la porte de notre classe.

Ce n’est rien à côté de ce qui nous attend, du couvre-feu que l’occupant nous impose, pour une durée indéterminée, à la fermeture de nos chers bistros, et des fêtes qu’ils accueillaient.

Pire, la pénurie alimentaire va s’installer. La bureaucratie du ravitaillement va répartir ce qu’il restera à manger pour les Français, avec des tickets d’alimentation.

Vous avez entre six et douze ans, vous êtes J2 avant d’être J3 jusqu’à 21 ans, en 1949.

On a compris qu’il faudrait vivre avec ces carcans, imposés, bureaucratiquement (10 ans), jusqu’en 1949

 

La pénurie sanitaire en 2020

Cette pénurie affecte spécialement l’hôpital public. Elle était déjà présente dans les constatations que faisaient les membres de la famille engagés dans les métiers de Santé publique ; qui pronostiquaient, depuis plusieurs années, dans les discussions familiales, l’explosion du système.

Cette explosion s’est produite sous l’effet des attaques de la Covid 19, au printemps 2020. Les effets les plus dramatiques ont été conjurés par la qualité du travail des soignants de l’hôpital public, malgré, qu’ils et elles, ne puissent déjà plus répondre à l’accroissement de la demande de soins de la part des populations qui en avaient le plus besoin.

Trois phénomènes se sont conjugués pour que cette pénurie s’impose à tout le monde à l’automne 2020, au plus mauvais moment.

Depuis des décennies la France rencontre un fort accroissement de sa population vieillissante grâce aux améliorations dont elle a bénéficié de la part de l’ensemble du système de santé, le public, le privé, la médecine générale.

Que cette situation se fasse sentir dans les maisons de retraite, dans les EHPAD, ou plus généralement au sein des territoires isolés, oubliés par les autorités centralisatrices, a contribué à ce que ces populations fragiles vieillissantes s’adressent à l’hôpital public.

Parallèlement une population jeune fragilisée par la précarité sociale, qui génère la pauvreté dans les cités  tout aussi oubliée par la République, est venue augmenter la demande de soins attendus de la part de la santé publique et des établissements qu’elle contrôle.

Il faut comprendre que ces deux populations, fragilisées par la pandémie, n’avaient d’autre choix que de faire appel à la santé publique comme l’avaient fait autrefois ceux qu’on appelait les nécessiteux qui s’adressaient aux hospices gérés par les ordres religieux.

Ces phénomènes ; inévitables et respectables, ont été compliqués et aggravés par le sort réservé au modèle ancestral de soins médicaux qui passaient par le médecin de famille (lorsque que la famille pouvait s’en offrir un) devenue progressivement médecin de ville et médecin traitant.

Il faudra bien qu’on explique un jour pourquoi la santé publique, largement étatisée, a conduit ces professionnels à s’écarter de leur domaine de vocation, le Soin, des êtres humains.

L’expérience faite, par un couple âgé, des rapports avec cet élément essentiel du monde médical, le Médecin, pose la question : pourquoi, au cours des années récentes, nos médecins en ont-ils eu marre de faire le métier qu’ils aimaient, conscients que cette réduction supplémentaire de l’offre de soins aggraverait la pénurie sanitaire devenue inévitable en cas d’épidémie.

Nous sommes tous concernés, avec des sentiments exacerbés par le spectacle des débats sanitaires parfois ouverts jusqu’à l’inacceptable, par toutes les dérives de la société du spectacle.

Comme on l’a vécu dans les années 40, avec la pénurie alimentaire il va falloir vivre, dans les années 2020, avec cette pénurie sanitaire administrée par la Bureaucratie de la Santé, 80 ans après celle du ravitaillement.

  1. Tickets d’hospitalisation

     

Je retrouve mon esprit de collégien

Nous sommes en septembre 2020, 80 ans plus tard. Le copain Bernard est mort et Pierrot vit reclus dans son EHPAD. À Paris c’est la rentrée pour ceux dont l’activité professionnelle leur permet de travailler en visio-conférence et en télétravail. Ce qui est mon cas.

Chacun se renseigne sur ce qui va pouvoir se passer, une fois tirées les conclusions de la réclusion provisoire qui a touché les Français au printemps, et appréciées les conséquences de leur libération provisoire baptisée déconfinement.

Le Chef du déconfinement apparaît entouré des caméras qui visent leurs cibles, comme les mitrailleuses en 40. C’est un méridional à l’accent chantant qui sent bon le Floc de Gascogne prêt à éviter, en jouant local, le Flop parisien centralisateur.

Il nous explique comment l’envahisseur qui vient de l’Est baptisé, cette fois, Covid 19, circule partout et présente tous les dangers, d’abord pour le système hospitalier public, ensuite pour ceux qui auraient besoin d’y avoir recours car la pénurie y règne.

Il laisse entendre que la tendance naturelle de son bon peuple à faire la fête, surtout pendant les vacances, a entraîné des nouvelles perspectives de pénurie au sein de l’hôpital public et qu’il faut tout faire pour en éviter les conséquences.

Classiquement, comme en 40, il s’inspire des limitations du couvre-feu, de l’ouverture des bistros, et sans jamais le dire des tickets d’hospitalisation qui accompagneront la limitation des capacités de soins qui ne sauraient dépasser 30 % des moyens.

La surcharge qui pèserait sur les soignants, dont ni le nombre ni les capacités n’ont été renforcées malgré l’expérience du printemps, serait insupportable.

Il est évident que tout citoyen responsable, face à cette description de son prochain avenir, se doit d’entonner ce nouveau crédo « Professeurs nous voilà ». Quelles que soient les querelles auxquelles les codes de l’épidémie spectacle vous offrent de vous prêter.

Je suis passé de J2 (6-12 ans) en 40 à V9 (plus de 75 ans en 2020). Finie la galéjade, que devient la Marseillaise à laquelle mon nom est souvent associé ?

Je pense qu’elle devrait changer son 1er couplet :

« Allons enfants de la Patrie, les jours de foire sont terminés, contre nous de la tyrannie les brancards sanglants sont avancés»

Et le Refrain :

Aux Larmes Citoyens, à vos écouvillons, Macron, Macron qu’un sang impur abreuve ses filons.

ROUGET de l’ISLE

(Michel ROUGER)

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