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L’Illusion de « L’Europe des Nations »

Depuis le cruel échec de Marine LE PEN, lors de l’entre-deux tours de la dernière élection présidentielle, les tenants du FREXIT, c’est-à-dire de ceux qui assumaient à l’époque, leur antieuropéanisme, ont changé de stratégie – puisqu’une grande majorité de Français ne veut pas quitter l’Union Européenne (UE)1 – et prétendent aujourd’hui qu’ils sont Européens mais que, n’aimant pas l’Europe de Bruxelles comme ils l’appellent, ils sont pour une Europe des Nations.

De MELENCHON à LE PEN, en passant par DUPONT-AIGNAN et une partie des LR, ils répètent cette juxtaposition à l’envie en se gardant bien de la définir et de nous expliquer comment cela pourrait fonctionner au quotidien.

Force est de constater qu’ils ont raison d’être taisants car ils seraient bien incapables de nous dire premièrement, quelles sont ces nations et deuxièmement, quelle forme d’Europe ils souhaitent mettre en place pour ces « nations ».

 

I – Avec quelles « nations » comptent-ils coopérer?

Commençons par celle qui a décidé de partir il y a pratiquement trois ans.

Commodément, on parle d’« Angleterre » mais l’Etat qui a notifié son départ de l’Union Européenne, au titre de l’article 50 du Traité, s’appelle le Royaume de Grande Bretagne et d’Irlande du Nord. L’Angleterre n’en est donc qu’une partie.

Il suffit de se référer aux scrutins du BREXIT2 pour constater qu’on est loin d’une nation britannique et encore moins irlandaise du Nord. Il y en a au moins quatre dont l’une, l’Ecosse, revendique depuis longtemps, très clairement une indépendance et un désir d’appartenance à l’Union…

Y-a-t-il une nation espagnole ? Il suffit d’aller à Barcelone, pour constater depuis des mois et des mois qu’on en est fort éloigné, sans parler des provinces basques, voire même de l’Andalousie.

Y-a-t-il une nation italienne ? Là encore la réponse est dans la question d’autant que l’Italie était pratiquement aussi morcelée au début du XIXème siècle que l’est aujourd’hui l’UE.

Il en est de même d’une prétendue nation allemande.

Sachant que le mot même de nation n’existe pas en allemand et que nos amis allemands nous ont toujours appelé : « La Grande Nation », bien entendu en français.

N’oublions pas qu’en 1814 /1815, au Congrès de Vienne, plus de vingt participants d’Etats représentaient l’ensemble du monde parlant une langue germanique…que Bismarck avait unifié pour partie et qu’HITLER a réunifié de force sous le vocable de : « Das deutsche Volk », mais cela n’a tenu que quelques années !

Prenons notre voisin du Nord, la Belgique, il n’y a pas de nation belge, il n’y a qu’un roi belge, sans lequel, probablement, la Belgique risquerait de se scinder immédiatement en trois.

Bref, aucun des grands pays (et même plusieurs moins grands pays) avec lesquels ces prétendus « Européens différents » souhaiteraient construire l’Europe des Nations ne constitue une nation.

Alors, certes, la France est une nation, construite au fil des siècles par les rois successifs, à coup de sabres, de fusils et de subtils liens de vassalité et de suzeraineté. Poursuivie, accélérée et fortifiée par la Révolution Française telle que continuée par Napoléon, toujours par le fusil, la baïonnette et le canon – il suffit de le demander aux Vendéens…- et immédiatement imposée par le droit unique mis en place par Napoléon.

Outre les Vendéens, les Bretons, les Basques, les Alsaciens, les Catalans et certains autres en portent encore la trace.

Nonobstant, de gré ou de force et de manière pacifique depuis deux siècles, la France est une nation.

Cependant, pour certains « nationaux » de cette « Grande Nation », le parcours n’a pas été linéaire, on veut bien entendu parler ici des Alsaciens-Moselans car c’est l’Alsace-Moselle, et non pas Lorraine, qui a été détachée de la Nation française en 1870, réunie à nouveau en 1919, pour être détachée temporairement durant la période hitlérienne de 1940 à 1945.

Alors, l’histoire vécue par ces nationaux de l’Est3, est légèrement différente pour la génération de l’entre-deux guerres et les plus anciens des baby-boomers, qui ont grandi dans les années 1950, car les nationalistes de l’époque, ceux qui proclamaient autant leur amour de la nation que le font aujourd’hui l’extrême droite et l’extrême gauche, étaient des Autonomistes !

Les enfants recevaient, à l’école, le roman français distillé par l’instituteur, autant hussard de la République que partout ailleurs, et en catéchisme, qu’ils soient protestants ou catholiques (concordat oblige) des phrases que le signataire de la présente a entendu à maintes reprises : « Nous ne sommes pas de Berlin mais pas non plus de Carcassonne ». Or, pour notre génération de baby-boomers, avide d’un monde ouvert et rejetant tout nationalisme, surtout le nôtre, il fallait, pour être totalement et pleinement moderne c’est-à-dire parler français, élargir notre manière d’être et de penser largement au-delà de la scène alsatique, en clair, dépasser ce « nationalisme » alsacien.

Bref, il n’existe aujourd’hui, à l’exception de certains petits pays, (et même le Luxembourg pose problème…), très peu d’États qui sont des nations.

Jacques DELORS avait pris des précautions de langage, en parlant de fédéralisme d’États-nations.

Les États existent et les nations sont en évolutions permanentes et continuent d’ailleurs d’en connaître aujourd’hui.

Certaines par agrégations, d’autres par séparations, n’oublions pas que nous avons grandi avec des pays qu’on appelait « nation » qui s’appelaient Yougoslavie et Tchécoslovaquie. En Yougoslavie on parlait serbo-croate et aujourd’hui les nationalistes sont soit serbes soit croates…

Enfin, quant à ces fameuses « nations » vers lesquelles il faudrait revenir pour bâtir l’avenir de nos enfants, notre génération de l’après-guerre devrait se souvenir de « l’attrait » qu’elles inspiraient. :

Ah ! Les belles nations qu’étaient à l’époque :

  • La Grèce des colonels
  • L’Espagne de FRANCO
  • Le Portugal de SALAZAR
  • Et même la Grande Bretagne de WILSON et GALLAGER;
  • Et notre belle France du Général DE GAULLE, dont la jeunesse révoltée refusait, en mai 1968, le carcan.

C’est à se demander si les appels à la nation ne recèlent pas une nostalgie passéiste, voire mortifère.

Surtout de la part de Monsieur DEBRAY, qui a aimé ce grand libéral de CASTRO, de Monsieur ZEMMOUR qui hésite entre de GAULLE et PETAIN ou encore de Monsieur GUAINO, qui ne rêve que de constructions jacobines, évidemment exclues dans le concert européen.

Ou encore de Monsieur CORBYN, qui rêve de replonger le Royaume-Uni dans l’enfer wilsonien mais sans la bonhommie de celui-ci et sa pipe.

Et que dire de l’Italie, où le processus en cours depuis quelques mois seulement permet déjà à certains d’affirmer que MUSSOLINI était un homme bien et d’appeler, dans la dernière campagne électorale européenne, à un retour vers ce régime « béni ».

Bref, tout ceci est pire qu’une chimère : c’est un tunnel de mort pour la jeunesse de notre continent.

En conclusion, non seulement ils sont bien incapables, ces fameux tenants de l’Europe des nations, de nous dire quelles seraient ces nations ; mais de surcroît, ils se revendiquent d’un concept qui relève, en ce qui concerne les seules nations existantes, plus du passé – et souvent d’un passé peu glorieux et surtout à l’opposé de nos valeurs – que de l’avenir et qui s’inscrivent à contre sens de l’évolution tant du monde économique et social que des modes de vies, qui aujourd’hui sont peu ou prou les mêmes, à travers toute l’Europe.

Donc, nous n’avons d’autres choix que de faire une construction européenne avec les États. Or, c’est ce qui a été fait depuis 1950, et réaffirmé par tous les traités de Rome à Lisbonne.

Mais imaginons même que ces nations existeraient, de quelle manière fonctionneraient-elles dans le cadre de ce qu’ils appellent la coopération ?

II- Quelle coopération comptent-ils mettre en place ?

Il est vrai que depuis vingt ans, l’Europe bashing ou plus précisément l’Union Européenne bashing – sans oublier la Convention Européenne de Sauvegarde des Droits de l’Homme et surtout la Cour de Strasbourg- a connu un succès croissant.

On affirme très facilement et avec un aplomb inversement proportionnel à la qualité des raisons invoquées, que l’Europe de Bruxelles, ça ne marche pas ! N’est-ce-pas Monsieur DUPONT-AIGAN, n’est-ce-pas Monsieur ZEMMOUR, sans mentionner tous les autres contempteurs historiques : tous devraient méditer cette phrase de LA FONTAINE : « l’Homme est de glace pour les vérités, il est de feu pour les mensonges ».

Car depuis soixante-quinze ans, on a réussi à construire un espace où on souhaite faire apparaître non pas une nation mais un vrai peuple européen – qui n’oublie pas ses racines « nationales »- sans aucune contrainte autre que le droit c’est-à-dire une règle voulue et acceptée par chacun des Etats de l’Union Européenne (aucun Etat n’a été contraint d’adhérer ; en revanche beaucoup, une fois qu’ils ont adhérés, ont voulu changer les règles du jeu), mais cette vérité – criante – leur est insupportable !

Tous ces contempteurs omettent également de constater que nulle part au monde on ne vit aussi bien que sur le sol de l’Union Européenne.

Seule leur importe l’affirmation selon laquelle « Bruxelles » décide de tout., ce qui est évidemment faux mais comme il y a cinquante ans, pour reprendre une formule, ils préfèrent « avoir tort avec SARTRE » … !

Cela ne veut évidemment pas dire que tout est parfait, loin de là.

D’autant que si cela « marche », il est vrai que c’est sur le terrain économique et pour partie, monétaire, mais que toute action politique ayant toujours été refusée à l’Union Européenne par les Etats membres, cette Union pèche par bien des côtés.

Cette vérité étant rappelée, les tenants de cette autre Europe, ne reculant devant aucune contradiction, continuent à rejeter toute forme d’intégration – donc de fédéralisme – tout en critiquant l’impuissance de l’Union Européenne. En revanche, ils n’osent plus la rejeter de front mais disent vouloir la réformer de l’intérieur (il faut évidemment entendre : « la détruire de l’intérieure ») et pour cela, revenir à une Europe de la coopération…

Qu’est-ce-que cela veut dire ?

Là encore, on se garde bien de nous livrer quelque modalité que se soit. Dans le meilleur des cas, par exemple pour Monsieur ZEMMOUR, on vous dit que l’Europe qui marche c’est l’Europe d’AIRBUS.

Monsieur ZEMMOUR est un homme intelligent, pour lequel j’ai beaucoup de respect mais quant il dit cela, il dit une ânerie.

Car, prendre l’exemple d’AIRBUS pour essayer de défendre une conception de coopération entre Etats relève de la méconnaissance ou de la « Fake News » (pour être à la mode) ou, sans doute, plus sûrement, d’une propagande destinée à éviter un vrai débat.

En effet, AIRBUS est une société anonyme totalement intégrée. Ce n’est pas une coopération entre Etats, bien que l’initiative était uniquement franco-allemande, en rappelant cependant qu’aujourd’hui ces deux États possèdent moins de 25% du capital, à eux deux. Mais, une mise en commun, joint-venture à l’origine, entre MATRA et DAIMLER, avec le concours de sociétés italienne, espagnole et anglaise.

Il n’y a pas de coopération entre entités industrielles, l’ensemble n’est même pas dirigé de manière fédérale mais de manière totalement intégrée, à commandement unique, certes bicéphale avec un président et un directeur général (sur le modèle anglo-américain du Chairman of the board et du CEO.

Pendant dix ans, le groupe a été dirigé par Tom ENDERS, citoyen allemand, et l’ensemble des décisions prises par la direction de ce groupe, n’est pas le fruit d’une coopération franco-allemande-italo-britannique, mais des délibérations – en langue anglaise – des conseils d’administration et de la direction générale d’AIRBUS.

On est bien loin d’une « coopération ».

Évidemment cela relève du fantasme car AIRBUS est toujours considérée, dans notre pays, comme une société qui porte haut le drapeau de la France et il ne faut pas confondre une société où la France joue certes un grand rôle, avec une vision d’une Europe qui pourrait être construite de la même façon. De même, ce processus qui a conduit au succès d’AIRBUS n’est guerre transposable, car cela ne peut être valable que pour un monopole industriel « naturel » européen. Rappelons que l’on n’a même pas réussi, sur le modèle d’AIRBUS, à faire un avion de combat européen ; et aujourd’hui, mis à part un « numéribus », on ne voit pas quel autre projet pourrait suivre l’exemple d’AIRBUS.

Donc cette forme de coopération, qui en est l’exact opposé, n’est pas une voie pour construire une prétendue autre Europe.

Raison pour laquelle, les tenants de cette prétendue autre Europe se gardent bien de nous dire comment elle pourrait fonctionner car ils savent, au fond d’eux-mêmes, que la coopération est un leurre.

Ça ne marche pas !

Preuve en est que les trois grandes puissances de l’après-guerre avaient trouvé un accord de paix qui devait durer cent ans, avec des grands hommes qui ont laissés leurs noms : Aristide BRIAND, STREESEMANN et KELLOG. Nous savons que quelques années après, l’Europe a été confrontée à la deuxième pire catastrophe de son histoire.

De toute façon si la coopération marchait, l’ONU nous servirait d’exemple…Or, c’est un repoussoir !

Même le Général de GAULLE, peu suspect d’un quelconque amour immodéré pour ce qu’il appelait le « machin bruxellois », concédait la nécessité d’avoir des institutions et un cadre juridique.

Alors Messieurs les néo-européens, vous qui voulez garder l’Europe aux mains des Etats, il semble, dans ce cadre, que :

  • Seuls les Etats doivent déléguer leurs pouvoirs et leur souveraineté pour, par exemple, assurer notre défense commune, ou pour lutter contre les dérives climatiques etc…
  • Ils doivent garder le dernier mot pour toutes les prises de décision.
  • En revanche, dès qu’il y a eu mise en commun, un peu comme dans AIRBUS – et il suffit à cet égard de se référer à l’euro- il convient de faire en sorte qu’il y ait un délégataire de l’intérêt général. En effet, on imagine mal, à la fin du siècle dernier, à l’époque où le franc existait encore, que les présidents de régions se réunissent pour faire la politique monétaire de la France…
  • De même, une fois que les décisions sont prises au niveau européen, il faudra mettre en place un organe administratif chargé de veiller, en harmonie avec les Etats membres et par application d’un vrai principe de subsidiarité, à l’exécution des mesures prises.
  • Et, si les mesures sont prises au niveau européen et exécutées, il faut bien assurer une application uniforme de la loi c’est-à-dire mettre en place un juge européen.
  • Enfin, on imagine mal que ces néo-européens, qui ont le mot démocratie en permanence à la bouche pour dénoncer la prétendue absence de démocratie de l’actuelle Union, ne souhaiteraient pas consulter l’ensemble des citoyens européens de manière régulière…

Or, c’est ce que nous avons déjà, et ce depuis la CECA, car l’Union Européenne, au-delà des mauvais procès qui lui sont faits – alors qu’elle mérite de vrais procès – ne fonctionne que par délégations partielles de souveraineté, chaque traité constatant de nouveaux transferts de cette souveraineté.

Donc, avec l’assentiment de tous les Etats européens puisqu’à ce jour, la démocratie représentative est ce qui nous caractérise tous (à moins que nos nostalgiques des nations veuillent la remplacer…) ; partant tous les traités ont été approuvés, beaucoup par référendum et tous par les Parlements nationaux.

III- Ils oublient que l’actuelle Union Européenne est totalement dirigée par les Etats

Dans le cadre institutionnel mis en place dès 1951, les États membres gardent la main. A l’heure actuelle, seuls les États membres ont l’initiative politique au sein du conseil Européen, qui seul détermine les nouvelles orientations de l’Union et disposent au sein de l’Union par le Conseil des ministres, certes en codécision avec le Parlement Européen, du pouvoir législatif sur proposition de la Commission.

En effet, l’intérêt général européen est représenté par la Commission qui seule peut proposer des textes à la suite des demandes qui lui ont été formulées par le Conseil Européen ou par d’autres (le Parlement Européen où les citoyens, par voie de pétition), sachant que cette Commission ne peut en aucun cas décider sauf, dans le cadre de son pouvoir administratif c’est-à-dire pour les directives d’application et les décisions d’exécution.

Enfin, dans cette Union, l’effectivité du droit européen et son champ d’application uniforme sont assurés par la Cour de Justice de l’Union Européenne, à Luxembourg.

Bref, cette fameuse coopération entre États, tant désirée, est déjà largement à l’œuvre

Est-ce que cela fonctionne bien ?

D’abord, cela fonctionne de loin !

Or, un pouvoir lointain n’est jamais apprécié par la population.

Washington n’est pas aimé par les Américains, surtout de ceux de l’Amérique profonde.

Ensuite, il s’agit d’une forme de fédéralisme fonctionnel auquel il manque non pas le côté démocratique car la démocratie au sein de l’Union n’a rien à envier à notre manière de fonctionner, sur le plan institutionnel.4

En revanche, ce qui manque cruellement à l’Union c’est la dimension politique.

Ceci est assez logique, puisque les chefs d’État et du gouvernement sont à la barre de cette Union et étant, pour quelques-uns, directement élus par leurs peuples et pour d’autres, chefs de la majorité élue, ils se réservent la politique et se gardent bien de proposer que l’Europe acquière une dimension politique. Ce qui a conduit à refuser de nommer des hommes ou femmes politiques de renom à la tête de l’une ou l’autre des institutions.

Par exemple, lors des travaux d’élaboration de feue la Constitution – acceptée par plus de vingt États membres et rejetée par la France et les Pays-Bas – nous imaginions que Tony BLAIR prendrait la tête du Conseil Européen et qu’Alain JUPPE deviendrait ce vice-président de la Commission également membre du Conseil des Ministres, qui aurait été le premier ministre des Affaires étrangères de l’Union Européenne.

Cela avait de la gueule !

Malheureusement cela n’a pas vu le jour et l’UE est toujours en grand déficit politique, ce qui explique également qu’elle reste totalement engluée dans ses compétences d’origines, essentiellement économiques.

Elle a parfaitement réussi le marché unique, gère très bien l’euro et patine pour le reste.

Conclusion

A l’instar du prétendu plan B de Monsieur FABIUS et d’autres, en 2004, ces néo européens n’ont aucun plan, en dehors de celui affiché de détruire l’Union Européenne.

Selon eux, les peuples rejetteraient l’Union Européenne. Or, en disant cela, ils font un amalgame qui relève de l’escroquerie politique en faisant semblant de confondre le peuple et les mécontents.

Certes, des mécontents il y en a, et souvent à raison, car il n’y a pas que des nostalgiques parmi eux.

Mais cela veut dire que de nombreux citoyens européens, sont, avec raison, très critiques envers l’évolution de l’Union Européenne depuis une vingtaine d’années, ou très déçus !

En conséquence, l’urgence n’est pas de jeter le bébé avec l’eau du bain car les bases théoriques sont solides mais d’injecter de la politique et donc du sens, ainsi que d’éviter de laisser certaines catégories de citoyens sur le bord de la route.

Il convient, à cette fin, de reprendre la trilogie excellemment résumée par Jean-Louis BOURLANGES :

  • Que voulons-nous faire ?
  • Avec qui ?
  • Comment ?

Les outils sont là et nous savons que pour faire face aux défis planétaires auxquels nous sommes confrontés et pour la survie de notre monde tel que nous Européens l’avons façonné depuis cinq siècles, nombre de sujets ne pourront pas être abordés et résolus à 27, ne serait-ce que la défense.

Nous savons aussi qu’une base existe avec la zone euro.

Mais méfions-nous dans cet espace européen, qui restera inter-étatique, plus encore qu’au sein de notre État jacobin, des « y a qu’à » et des « faut qu’on ». Partons de l’existant où tout n’est pas à jeter, loin de là, et construisons notre futur, qui sera européen ou inexistant et n’oublions pas, je citerai encore Jean-Louis BOURLANGES, que si nous voulons que l’Europe nous protège, il nous appartient d’abord de la protéger.

 

Analyse et décryptage sociétal par

Jean Pierre SPITZER

Avocat au Barreau de Paris,
Directeur scientifique de l’union des avocats européens,
Membre du bureau du Mouvement Européen


1 Il suffit de se référer aux résultats des dernières élections européennes pour s’apercevoir que les tenants d’un FREXIT n’ont pas totalisé 5% des voix.

2 En outre, les vainqueurs du référendum parlent haut et fort de la décision du « peuple britannique » ; or les élections au Parlement Européen ont montré que les Brexiteurs n’étaient pas dominants, même pas majoritaires.

3 Ce qui a été escamoté de manière infâme par Monsieur de VILLIERS – un autre amoureux des nations qui se font la guerre- pour lancer des soupçons odieux contre Robert SCHUMAN4 Certes l’organisation de l’Union et notamment ce fédéralisme fonctionnel présente une certaine complexité ; cependant les Français semblent mal placés pour critiquer cette complexité européenne, oubliant au passage que notre belle organisation, pourtant jacobine, est au moins aussi complexe. Rares sont en effet nos compatriotes qui sont capables de se retrouver dans le maquis des compétences territoriales -Région, Département, Commune, en concurrence avec le Préfet ou soumis à son contrôle – sans oublier les délicates questions de compétences entre le Président de la République et le Premier Ministre (notamment en période de cohabitation) ou encore les délimitations entre lois et règlements.

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