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Dissoudre, le va-tout ?

Il en est de la politique comme des cycles économiques. Mêmes impasses et mêmes
conséquences.

S’il est clair que le score de 32% des voix en faveur de la liste Rassemblement National
marque un « virage à droite dans l’Union européenne » comme l’indique Kathleen Brooks,
analyste de XTB. Le choix de la dissolution de l’Assemblée Nationale par le président de la
République a de quoi étonner.
Alors même que les députés français élus à la chambre des députés le sont pour un mandat
clair de 5 années, rien ne reliait ces pouvoirs octroyés à l’issue des élections des députés
siégeant au parlement européen. Deux instances bien distinctes dont les fonctions et
délimitations de pouvoirs ne font aucun doute jusqu’à présent.
Alors pourquoi dissoudre une chambre de représentants de manière prématurée.
L’Assemblée d’hier doit elle s’adapter aux nouvelles tendances issues des urnes. Rien
n’obligeait le président de la République d’user de son droit de dissolution. Il n’était pas
empêché de gouverner. Il ne disposait pas d’une marge de manœuvre trop faible pour
mettre en place les différentes mesures liées à son plan politique.

En d’autres temps, la tentation d’une dissolution non contrainte par la situation avait valu à
l’un de ses prédécesseurs une gifle retentissante. Le président Chirac certain de disposer
après les élections d’une plus large majorité avait dû se rendre à la réalité. Il avait tout
simplement perdu son pouvoir de décision au profit de ses adversaires et été contraint à une
cohabitation quelque peu humiliante. Une partie serrée, jouée, perdue. Ses adversaires
politiques avaient eux-mêmes pris certaines positions en amont des élections qu’ils avaient
amèrement regretté. Là encore il y eut des compromis face à la réalité. Ainsi l’ouverture du
capital de France Télécom, rendue nécessaire dans un timing court (le remboursement en
espèce des emprunts Balladur) avait été annulée, puis reprogrammée, faute d’alternative.
Le président Macron par cette décision indique t’il à ceux qui l’ont élu qu’il baisse les bras ?
Au contraire, espère t’il que les électeurs saisis par la montée des extrêmes aient un sursaut.
Si l’on prend en considération le fait que les déclarations d’intentions de vote pour les partis
extrémistes sont depuis de très nombreuses années sous-représentées, parce que les
déclarant n’osent pas afficher leurs choix, ne va-t-on pas au contraire assister à une
déculpabilisation des électeurs. Le fait d’appartenir à une minorité qui ne l’est plus, peut au
contraire être un catalyseur, un encouragement à assumer des positions hier plus ou moins
avouables.

À moins que le président n’ouvre à quelques années de la fin de son mandat une porte aux
autres partis. Alors-même qu’il peine à rassembler derrière le parti qu’il a créé, aurait-il
choisi d’aider la relance de ceux dont les idées seraient voisines des siennes. Une nouvelle
possibilité de rebond, mais un timing très court risque de rendre l’épreuve plus ardue
encore.

Les députés d’hier, représentants du parti présidentiel, vont-ils se sentir trahis ou au
contraire boostés ; eux qui ont soutenu ce président dont l’avenir politique ne pourra plus
s’exprimer à ce poste en fin de mandat.
Les perspectives futures de la représentation à la chambre des députés sont en jeu.

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