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Guerre Russie Ukraine ou la guerre des pourquoi – L’envahisseur

L’Ukraine est au cœur de beaucoup de débat en Europe et en France. Et pour cause l’Europe se retrouve de nouveau en guerre, non pas « maitrisable » comme fut celle qui secoua l’ex Yougoslavie dans les années 1990, mais une guerre entre la Russie et l’Ukraine, qu’elle a toujours considéré comme un de ses satellites.

Cette guerre est particulièrement déséquilibrée car elle oppose le plus grand pays du monde, ex 2eme puissance mondiale et nucléaire et ses 150 millions d’habitants à l’Ukraine avec ses 42 millions d’habitants et une surface équivalente à la France. D’un conflit régionaliste avec la Crimée qui a été annexée et frontalier avec le Dombas, cette guerre est devenue totale lors de l’invasion par la Russie de son territoire.

Tout le monde pensait que cela ne durerait pas longtemps et que, comme la Crimée, l’Ukraine serait vite annexée. Patatras, rien ne s’est passé comme prévu. Aidés et informés par les Etats Unis, les Ukrainiens ont d’abord choisi la résistance avant de choisir la guerre à l’envahisseur aider et armés par les européens et le camp des occidentaux.

Après deux ans, la guerre se poursuit avec ses destructions, ses morts et ses traumatismes. Il est temps de s’interroger de nouveau sur la compréhension du ou des pourquoi tout cela, qui pour beaucoup n’ont pas ou plus grand-chose à voir avec ceux exprimés aux premiers jours de la guerre.

Pourquoi la Russie est-elle rentrée dans cette folie ? Pourquoi les Ukrainiens ont choisi l’indépendance au péril de leurs vie et de leurs pays ? Pourquoi les Européens se sont engagés dans cette galère ? Pourquoi les Etats Unis se désengagent de ce conflit après avoir aidé les Ukrainiens à résister ? Et enfin pourquoi le reste du monde regarde cela avec distance ?

Bien sûr impossible de répondre à tout avec certitude, mais il est pertinent d’ouvrir des pistes de réflexion ou de débats qui permettront d’entrevoir les résolutions de ce conflit qui sera, sauf effondrement de la Russie ou de l’Ukraine et de ses alliés, long et difficile.

Pourquoi la Russie est-elle rentrée dans cette folie ?

On sait maintenant que la dénazification de l’Ukraine n’est qu’un leurre, que Poutine et son gouvernement ne sont pas devenu fous tout d’un coup, que l’occident est bien l’ennemi, non pas initialement militaire mais beaucoup plus idéologique et culturel. Alors pourquoi envahir l’Ukraine ? Peut être tout simplement parce que la Russie en avait et en a certainement encore terriblement besoin. Et cela pour deux raisons essentielles.

Le déclassement de la Russie. Depuis la chute du mur et la fin de l’Union Soviétique, la Russie est structurellement sur un déclin constant depuis des dizaines d’année. Le rebond économique et politique de ces dernières années, largement porté par les Européens, notamment l’Allemagne, ne peut pas complétement cacher le déclassement progressif que ce pays vit. D’un point de vue économique, la Russie se place maintenant à la 10eme place mondiale. Et à l’intérieur la Russie voit sa population décroitre et se maintenir grâce à l’annexion de la Crimée, le tout accentué par un taux de natalité en forte baisse depuis le COVID. D’ailleurs Vladimir Poutine en a fait un des axes importants lors de son discours annuel le 29 février 2024.

D’un point de vue géopolitique, la Russie n’était devenue qu’un faire-valoir dans le combat que se livre Chine et USA. Depuis la chute de l’Union Soviétique et du mur de Berlin fin 1989. Avec l’arrivée de l’Internet de son universalisme économique et technologique portée par la puissance financière américaine, son influence dans le Monde à presque disparue à la fin du siècle dernier faute de pouvoir lutter.  La Russie ne relancera son influence que dans le milieu des années 2010 en utilisant les nouvelles technologies des réseaux sociaux comme arme de déstabilisation politique. Dans le même temps, l’état russe s’est stabilisé et les matières premières sont  restées sous pouvoir de la  Russie malgré des tentatives  prédatrices américaines.

Depuis les années 2000, les infrastructures qui exploitaient les ressources ont été rénovées, notamment avec l’aide de l’Allemagne en contre partie d’une énergie pas chère indispensable pour sa production industrielle, permettant ainsi de retrouver le chemin de la productivité et de la rentabilité. La population a vue sont pouvoir d’achat augmenter et la vie, dans les villes se sont « occidentalisées », au moins au niveau des boutiques. Tout était prêt pour revenir dans la cour des grands mais la Russie restait trop petite malgré sa nouvelle influence grandissante grâce aux tensions sur les matières premières liées aux besoins croissants du monde en énergie fossile, en métaux ou en matière alimentaire. Celui qui tiens le robinet retrouve alors du pouvoir.

On peut alors mieux comprendre l’intérêt de la Russie pour l’Ukraine qui, de son côté, dispose de terres fertiles et qui en font un des premiers greniers à grains du monde et de nombreuses ressources minières. Sa population est de 41 millions et pour une partie, russophone, donc facile à intégrer.

Ce que l’on peut imaginer, en regardant ce que la Russie a réussi à faire sur ces marchés avec les moyens dont elles disposent aujourd’hui, c’est ce qu’elle pourrait faire avec les céréales Ukrainiennes et influer la géopolitique alimentaire, comme elle le fait sur la géopolitique énergétique déjà aujourd’hui. De là à penser que cela a été ou est encore la stratégie de la Russie et de son Président dans le repositionnement de son pays entre les deux blocs que forme la Chine et les USA, il n’y a qu’un pas à franchir. Et tout cela serait resté à bas bruit si l’opération spéciale avait fonctionnée.

Mais cela ne suffit certainement pas à répondre au pourquoi continuer cette guerre où des milliers de Russes meurent tous les mois. La résistance des Ukrainiens a ajouté l’égo à l’objectivité éventuelle de ce conflit « la Russie ne peut pas perdre face au nain Ukrainien » comme ne cesse de le répéter les dirigeants russes. Et dans cette soif de recherche d’influence, maintenant que le monde entier les regarde, notamment tous ceux qui voient en la Russie un pays qui peut botter les fesses à la coalition occidentale, les dirigeants Russes et en particulier leur Président ne peuvent pas perdre la face au risque de tout perdre.

Et enfin, la Russie se sait presque intouchable en tant que puissance nucléaire.

Ce conflit va donc durer, jusqu’à que l’un des protagonistes cèdent. Les Ukrainiens et leurs alliés le savent, ils se préparent et alimentent leurs pourquoi maintenant indissociables.

A bientôt pour « l’Ukraine la résistante, les Occidentaux les alliés et le reste du monde les observateurs »

 

Philippe Rouger

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