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Mes nuits américaines

Il s’agit, bien sûr, de ces nuits passées à attendre le nom du Présidentiel américain destiné à être l’homme le plus puissant du monde.

Depuis le 3 novembre, pour la vingtième fois, j’ai partagé, l’attente du monde entier. Jusqu’à l’annonce qui a désigné le bon élu, Joe BIDEN et le méchant battu, Donald TRUMP. La fin hollywoodienne fut respectée.

Historique des 19 précédents scrutins

Ma découverte de ce grand moment électoral fut celle du deuxième mandat F.D, Roosevelt, en 1936, par la lecture de deux journaux, le Matin de Paris et la France de Bordeaux. Elle fut laborieuse et répétée, entre deux « Mickey », afin de tenter de comprendre ce qui ne le fut qu’après de nombreux exemples ultérieurs.

J’étais apprenti scolaire, déjà passionné, et déjà confiné dans ma chambre par une quarantaine rigoureuse liée à une méchante Scarlatine.

Les 18 élections suivantes se sont situées dans des contextes familiaux et professionnels de plus en plus américanisés. De la deuxième élection de Truman en 1948 à celle de Trump en 2016, je les ai toutes vécues.

La 20e élection de mon vivant de citoyen Français, celle de Joe Biden se terminera le 8 décembre 2020. Je remercie le processus électoral américain de m’offrir ce petit cadeau. Ce sera le jour de mon anniversaire. I like !

A l’instant, je me remémore le cadeau de mon treizième anniversaire, en décembre 1941, offert par l’officier allemand qui occupait une chambre réquisitionnée. Nous avons eu une conversation prémonitoire. La veille le Japon avait attaqué Pearl Harbour et l’Amérique entrait en guerre. Il m’a dit : « l’Allemagne nazie a perdu la guerre, mais elle la fera jusqu’au bout, ce dont les Français se sont révélés incapables en 1940 ». Cette vérité prend tout son sens le 10 novembre 2020 alors que l’on glorifie l’Homme du 18 juin pendant que j’écris cette chronique.

Les sentiments inspirés par l’élection de 2020

Les sentiments et les réflexions que m’inspirent l’élection 2020 restent fidèles, dans leur expression, à toutes les précédentes.

J’observe que depuis presque 90 ans les Démocrates américains ont occupé le pouvoir 48 ans, les Républicains 40 ans. Sauf aléas judiciaires, le président Joe Biden et sa vice-présidente Kamala Harris ont une chance d’ajouter, successivement, 12 années aux 48 des précédents présidents démocrates.

Cette répartition 60/40, sur un siècle, donne une bonne vision sur l’électorat américain face à l’offre des grands partis politiques.

Ceci dit, il faut d’abord mesurer les influences qu’exerceront les phénomènes politiques mondiaux, plus spécialement de l’intérieur du monde occidental, sur le déroulement des années de présidence à venir.

Cette question découle du fait indéniable que le corps électoral américain élit trois présidents en même temps. Le président des États-Unis, l’administrateur du monde occidental, le leader de la diplomatie mondiale.

Il est probable que ni l’électeurs des Moines (Iowa) ni celui de Buffalo (New Jersey), en aient conscience. Mais c’est la réalité. Ayant eu l’occasion de fréquenter Henry Kissinger au cours des années Clinton j’ai pu vérifier le poids de cette triple responsabilité sur l’action du Président élu.

À ce jour, il est évident que la situation des États-Unis est plus déséquilibrée qu’elle ne l’a jamais été. Certes ils disposent d’une prééminence technologie dont l’influence se réduit face à celle revendiquer par le monde chinois.

Mais ils doivent faire face aux 3 grands maux que nous connaissons bien en France :

  • La Division qui s’exprime par la consolidation du vote républicain. (70 millions d’Américains se sont reconnus dans le Trumpisme).
  • La Défiance que ressentent les oublier du rêve américain qui ne connaissent que le cauchemar financier et industriel du déclassement.
  • L’Angoisse qui s’est développée avec la crise sanitaire aux effets démesurés.

Si l’on ajoute les convulsions démographiques, climatiques et religieuses qui viennent compliquer tous les choix des dirigeants, les années 2020 ne seront pas faciles à gérer, nulle part. Tout dépendra, dans les grandes démocraties occidentales, de la fidélité de leurs bases électorales.

Joe Biden et Kamala Harris ont rassemblé 74 millions d’électeurs avec l’espoir de gouverner pendant 12 ans. Avec l’appui inconditionnel des médias, ils ont vaincu un président dont l’expression politicienne construite sur les excès de son caractère, l’exposait à son exclusion du pouvoir.

Cette réalité ne l’a pas empêché d’améliorer son score de 2016 en 2020. Il a été battu comme G.w. Bush en 1992 ce qui n’a pas empêché le fils d’être élu en 2000.

D.Trump a construit son projet populiste en opposant la réhabilitation du rêve américain face aux cauchemars vécus par des populations qui se sont senties abandonnées par leurs élites. Il est très mode ! Peut il survivre ?

La réponse ne pourra être donnée que dans 4 ans lorsque la nouvelle élection présidentielle fera fonction de clause de revoyure à la française.

A l’évidence à 74 ans, il va tenter de faire avec son clan familial, s’il reste soudé autour de lui, ce qu’il n’a pas réussi à faire : Briser le plafond de verre imposé par le modèle de la démocratie médiatisée américaine.

L’homme, très inattendu, venait du business et du show-biz, pas de la politique, au sens de la carrière de son challenger. Il a réussi à occuper l’espace électoral en se débarrassant de ses adversaires. Une fois élu, il n’a pas réussi à s’installer dans l’espace médiatique occupé par le spectacle politique. Il en avait les compétences. Il a préféré imposer une prestation solitaire et transgressive.

Il a voulu jouer « Obélix à la Maison-Blanche ». Il lui a manqué Astérix pour lui éviter d’aller poser son menhir où il n’avait pas sa place. Il s’est trompé.

Rendez-vous le 8 décembre, jour de mon anniversaire et le 20 janvier jour de celui de notre fille aînée.

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