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COVID-19, le révélateur du talon d’Achille de la France : le moral

Coronavirus : La situation s’améliore

« Il faut comprendre que le pessimisme ou l’optimisme n’ont rien à voir avec la réalité. Ils sont fonction de la représentation que l’on se fait du réel. », selon Boris Cyrulnik.

En cela, on peut s’interroger sur les Français, éternels pessimistes. Et ce n’est pas pendant cette période si particulière qu’ils le sont moins, bien au contraire. Oui, la situation est grave. Le président de la République l’a même maintes fois répété : « Nous sommes en guerre ! » Mais la France a déjà fait face à deux guerres mondiales en un siècle et s’est relevée… Et de quelle façon, puisqu’elle est aujourd’hui la sixième puissance économique mondiale. La crise sanitaire est sans précédent et d’une gravité absolue, c’est un fait.

Et si les morts se comptent chaque jour par centaines dans l’Hexagone, notre pays n’est pas le plus mal loti. Oui, le bilan dépasse les les 18.000 morts (au vendredi 17/4), mais la hausse des hospitalisations et des patients admis en réanimation a baissé ces derniers jours. Ainsi, la pression commence à baisser un peu dans les hôpitaux, suscitant l’espoir à moins d’un mois de l’allégement du confinement, même si évidemment le monde médical reste prudent sur l’évolution de l’épidémie. Et pour cause, plus de 31.000 personnes sont toujours hospitalisées.

La vigilance reste donc de mise sur le respect du confinement. Mais la situation s’améliore donc.

Alors, sans prendre de risques et recommencer à sortir de chez soi, ne serait-il pas temps de voir le verre à moitié plein ? Pas pour les Français !

Selon des données YouGov, en Europe, ce sont les Italiens qui craignent le plus de contracter le Coronavirus (75%). Alors qu’en France on observe une stabilisation (67%), le niveau de peur a même tendance à diminuer chez les Britanniques. « La peur n’empêche pas le danger » et tout en restant chez soi, on peut tout de même trouver des raisons d’aller mieux et de se rassurer.

Le confinement fonctionne, même si la prudence reste de mise

En effet, le confinement aurait déjà sauvé des milliers de vies en Europe. L’efficacité des mesures visant à enrayer la propagation du virus est reconnue par la communauté scientifique. Une étude publiée par l’Imperial College London a estimé que les restrictions de déplacement auraient permis de sauver entre 21.000 et 120.000 vies en Europe. Au 31 mars, la grande majorité des décès évités a été estimée en Italie (38.000) et en Espagne (16 000). Dans l’Hexagone, les chercheurs ont calculé que le confinement aurait déjà permis d’épargner quelque 2.500 vies.

Le professeur Gilbert Deray, médecin à la Pitié Salpétrière, confirme dans l’émission C dans l’air sur France 5 : « C’est vital ! Ca marche très bien ! C’est pour ça que les chiffres en Espagne, en Italie et ailleurs d’ailleurs,ont baissé. Et on rappellera que c’est depuis le début ce qui a permis à d’autres pays en Asie, comme Singapour, Taïwan et même la Chine d’éteindre partiellement l’épidémie. » Pour lui, c’est justement le moment où il faut continuer à rester confinés et respecter les gestes barrière, sinon la situation va empirer. De son côté, le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner sur France 2 dimanche soir précise : « Le relâchement, c’est l’allié du Covid ».

La Pr. Anne-Claude Cremieux, spécialiste des maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Louis à Paris, explique sur France 5, qu’il n’est évidemment pas question de souffler dans les services de réanimation, où les soignants sont épuisés, mais l’heure est au soulagement.

Oui, le système de santé a résisté à cette vague. « Rien n’est gagné. Il est essentiel de garder un confinement durable et parfait, mais le premier objectif, qui était d’éviter que le système explose et que les patients ne puissent pas être soignés dans les cas sévères, est rempli. »

Les Français doivent être déjà fiers d’être restés autant de jours confinés et même si c’est loin d’être terminé, il s’agit bel et bien d’une victoire collective.

L’avenir peut être radieux si on le veut

Un sondage exclusif YouGov pour Terrafemina (réalisé sur 1002 personnes représentatives de la population française de plus de 18 ans du 31 mars au 01 avril 2020) montre que 53% des Français·e·s appréhenderaient le futur déconfinement. Dans le détail, 19% des Français·es angoisseraient « beaucoup » à l’idée de ressortir, 33% « un peu », 23% « pas vraiment » et 20% « pas du tout ». Autre donnée frappante : à la question « Diriez-vous vous sentir plus en sécurité chez vous qu’à l’extérieur ? », 83% des Français·es répondent « oui ». Cette étude démontre que le danger du Coronavirus a largement été intégré par la population, qui se sent aujourd’hui plus à l’abri chez soi que lors de ses rares sorties autorisées.

Le présent est donc plutôt rassurant. Quant à l’avenir, pourquoi ne serait-il pas radieux ?

Il suffit de se souvenir de la crise des subprime en 2008 et son après. La France a une chance énorme par rapport à ses voisins européens : elle peut compter sur ses amortisseurs sociaux. En cas de coup dur, c’est l’Etat qui prend le relais et la situation est par conséquent moins difficile qu’ailleurs. Ainsi, des pays européens ont été beaucoup plus touchés que la France par cette crise financière. Citons l’Espagne, le Portugal, l’Italie, l’Irlande ou encore la Grèce. Pourtant la France a été atteinte moralement et, ce, davantage que dans ces pays.

Oui, l’économie va mal, mais, ce, au niveau mondial.

En France, avec les mesures de confinement, l’activité économique tourne actuellement aux deux tiers de son niveau habituel à cette période de l’année selon les calculs de l’Insee fin mars. L’Institut national de la statistique estime qu’un mois de confinement coûterait environ trois points de PIB à la France, et que deux mois amputeraient ce PIB de 6 points. Pour de nombreuses entreprises, ces semaines d’inactivité ou de travail au ralenti, signifient une forte contraction des rentrées d’argent qui peuvent entraîner de gros problèmes de trésorerie. C’est le cas pour le distributeur de chaussures André, déjà fragilisé, qui vient d’annoncer son dépôt de bilan. D’autres entreprises, déjà en situation difficile, pourraient bien faire de même. Selon l’assureur-crédit Coface, les défaillances d’entreprises pourraient augmenter de 15 % en France cette année.

Il s’agit d’une situation hors norme à tous les niveaux. Oui, la pandémie de Covid-19 plonge un peu plus la France dans une crise « violente », « globale » et « durable », selon Bruno Le Maire. Le pays va sans doute connaître, en 2020, sa pire année de récession économique depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale en évoquant meme une récession de 8% selon les estimations à début Avil. Pourtant pour l’économiste Elie Cohen, il est pour l’heure impossible de prévoir si la crise sera pire qu’en 1929. Il faut attendre de voir comment la reprise va se dérouler. Si le déconfinement ne se fera pas trop tôt et entraînera une succession de vagues épidémiques. Une chose est déjà sûre selon lui, le chômage aux Etats-Unis connaît une hausse est plus importante et se fait plus vite que ce que l’on a constaté en 1929. En France, une fois de plus, la patience est de mise avant de tirer des conclusions beaucoup trop hâtives.

Mais revenons au côté sanitaire. « Quand je m’examine, je m’inquiète. Quand je me compare, je me rassure ! », disait Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord. S’il fallait « faire peur » pour que les populations respectent le confinement, ne serait-il pas temps d’envoyer des messages positifs comme le nombre de guéris ? Selon des données Statista au 17 avril 2020, sur un total de 147.101 personnes infectées en France, 33.337 ont été guéries.

À l’inverse, 17.920 personnes infectées se trouvant sur le territoire hexagonal sont décédées. Pourtant, d’une semaine à l’autre, le pourcentage des personnes qui déclarent avoir peur de contracter le COVID-19 ne cesse d’augmenter. En France, selon Statista, le niveau d’inquiétude lié à la propagation du coronavirus entre janvier et avril 2020, moins de 50 % des sondés se déclaraient préoccupés par cette épidémie en janvier 2020, ils étaient 82 % au 2 avril…

Cette hausse de l’inquiétude peut être corrélée avec l’augmentation du nombre de nouveaux cas de COVID-19 dans le pays au fil des jours.

Pourtant, en temps de reprise, le moral est toujours l’un des points forts d’une nation pour repartir de bons pieds. Ce sera le moment opportun d’être optimiste plutôt que pessimiste. Haut les cœurs ! Car comme le disait l’ancien chef de l’Etat, Jacques Chirac, « Le pessimisme ouvre la voie à tous les renoncements ».

 


Marie-Eve Wilson-Jamin

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