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Coupe du Monde Football : Horizon(s) 2030 pour le Maroc

Casablanca ne sera donc pas la capitale du football mondial en 2026, mais en septembre 2018, le Salon International du Sport et des Loisirs lui a permis d’être celle du sport africain. En marge des activités grand public et des stands professionnels se tenait un cycle de conférences.

L’occasion de revenir sur les enseignements de la dernière Coupe du Monde et du vote ayant attribué au Canada, Mexique et Etats-Unis celle de 2026.

De l’échec de la candidature à Coupe du Monde de Football 2026 ….
D’une défaite sportive à la Coupe du Monde 2018 …

Après une victoire à la CHAN, 2018 s’annonçait comme une grande année pour le Maroc. Malheureusement, le Maroc a loupé sportivement et « politiquement » sa Coupe du Monde.

Pour ce qui est du sportif, la défaite surprise contre l’Iran (sur un but contre son camp pendant les arrêts de jeu) tua dans l’œuf tout espoir de qualification. Saluons toutefois la belle réaction des Lions de l’Atlas qui ont su tenir en échec la Roja, preuve de la qualité et du talent de l’effectif marocain.

… à la perte de l’attribution du mondial 2026

Quant à l’attribution du mondial 2026, il est toujours intéressant d’analyser les causes d’un échec d’un jour pour préparer les victoires de demain. Que ce soit pour une Coupe du Monde ou pour des Jeux Olympiques, les enjeux d’une candidature dépassent nettement le terrain du sport pour intégrer ceux de l’économie et la géopolitique.

Si l’argent ne fait pas le bonheur, force est de constater qu’il y contribue.

En la matière, le choix de la candidature tri-nationale, ce qui en soi est une innovation de la FIFA, s’explique grandement par l’importance que bon nombre des membres de cette confédération apportent à ce critère. Et même si pour certains, le niveau de vie de la FIFA est jugé dispendieux, dans les faits elle soutient économiquement ses membres pour assurer le développement de son sport.

Naturellement, un des critères (pour ne pas dire un objectif partagé par la majorité des votants) qui peut faire pencher la balance en faveur d’une candidature à l’organisation d’une Coupe du Monde est le montant qui restera à distribuer par fédération nationale.

La Candidature « Maroc 2026 » présentait une dynamique économique évaluée à 5 milliards de dollar là où le trio américain annonçait qu’il dépasserait la barre des 10 milliards de dollar.

L’attribution à « United » a donc été la victoire du « foot business » sur le principe de la rotation des continents. Une nouvelle fois, l’Afrique a été la grande oubliée mais tôt ou tard, la FIFA devra prendre en considération cette zone géographique, fournisseur de joueurs de grand talent…

Lors du vote de Moscou est apparu également une faiblesse, pour ne pas dire une faute : le manque de cohésion ou de solidarité entre pays africains et :ou arabes. Tant au niveau africain qu’au niveau arabe, trop de voix ont fait défaut à la candidature marocaine.

Si la prise de position de l’Arabie Saoudite s’apparente certes à un effet du lobbying orchestré par Donal Trump, il faut alors comprendre qu’une coupe du monde s’obtient également sur le terrain de la diplomatie.

De toute évidence, le FIFAgate (et l’impact des actions menées par le FBI à l’encontre de membres de la famille du ballon rond) a laissé des traces dans l’esprit des votants. Il est fort à parier que le contexte « géopolitique » pour 2030 sera moins complexe.

… A une nouvelle candidature pour 2030, disruptant les codes actuels de la gouvernance et géopolitique du football

Fort de ces enseignements, un chemin semble se dessiner pour que cette nouvelle candidature marocaine soit gagnante. Tout d’abord, proposer une candidature multi-pays permettrait à la fois d’augmenter le potentiel économique de la candidature ainsi que son potentiel de lobbying.

En termes de géopolitique, il est même possible d’imaginer une association entre le Maroc et l’Espagne voire le Portugal. Le symbole d’une Coupe du Monde reliant l’Europe à l’Afrique serait très fort et pourrait permettre à la FIFA de « redorer son blason ». Si les règlements ne permettent pas d’échafauder un tel groupement, rien n’empêche de se rapprocher de Gianni Infantino pour tester l’idée.

L’association de droit suisse a déjà fait la démonstration de sa capacité à faire évoluer ses propres textes et conditions d’organisation. Rappelons qu’en janvier 2017, le Conseil de la FIFA décida que 48 nations prendront part à la compétition en 2026. Ce changement tardif aura clairement désavantagé le Maroc.

Au-delà du symbole, l’option « Espagne – Maroc » (avec ou sans le Portugal) présente bien des atouts : l’essentiel des infrastructures sont existantes, le nombre de sponsors potentiels est important et la capacité à glaner des soutiens serait plus fort. Reste à analyser la concurrence.

Selon les dernières rumeurs, la Chine se positionnerait plus sur 2034. L’Uruguay qui pourrait faire candidature commune avec l’Argentine, ne serait pas le meilleur scénario pour des annonceurs et diffuseurs européens, principaux financeurs du football mondial.

En revanche, une candidature britannique (au savoir-faire avéré en matière de lobbying) serait le véritable adversaire du Maroc.

Conclusion

« Think positive », il existe bien un chemin pour un succès marocain à horizon 2030 mais comme il est étroit, il convient d’engager dès aujourd’hui les actions sur le terrain de la diplomatie.

Le Salon International du Sport et des Loisirs a mis l’Espagne à l’honneur, … doit-on y voir le fruit du hasard ?

Affaire à suivre

Charles BOIRY


retrouvez notre précédent article sur
« la candidature du Maroc à la Coupe du Monde de Football 2026 »

 

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